COLONIE MINIERE DE LA PINOSA

Valorisation d'un monument historique à Valmanya (66)

2022


La cité minière de la Pinosa ainsi que tous les vestiges associés à l'ancienne voie minière desservant les gares de Repalona (commune de Valmanya) et de Formentera (Commune de Montbolo) ont été inscrits au titre des Monuments Historiques le 10 décembre 2015. Le projet de sécurisation et de valorisation du site de la Pinosa concerne plus particulièrement une ancienne colonie industrielle dont le Syndicat Mixte Canigó Grand Site (SMCGS) est le propriétaire depuis 2014. Il s'inscrit dans le cadre du projet de la Route du fer du Canigó consistant à valoriser le patrimoine industriel minier et métallurgique déployé autour du Massif.

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La cité minière de la Pinosa est un lieu riche de sens, façonné entre nature et culture. Elle présente le caractère exceptionnel d'une configuration urbaine isolée en pleine montagne. Confinée dans un écrin végétal, c'est une cité "perdue" et quasi mystérieuse, à l'état de ruine, que l'on découvre. Ses vestiges, désormais préservés, donnent une excellente lisibilité de la colonie minière originelle.

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La fosse aux contre-poids (au premier plan) permettait de tenir en suspension des blocs de béton afin de maintenir en tension le câble du téléphérique à minerai. Au second plan, la trémie servait de silo pour le stockage des roches extraites avant leur évacuation par "le câble".

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DETAIL de la fosse au contre-poids. Le poste de contrôle et la trémie (au second plan) ont été restaurés et sécurisés. A l'arrière plan, on aperçoit le pignon reconstruit de la cantine des ouvriers.

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Chaque vestige est identifié par une plaque découpée en acier corten fixée sur un cube de béton issu de la fosse aux contre-poids.

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Lieu de passage et de rassemblement, la sommité de la trémie a fait l'objet d'un sécurisation afin que les visiteurs puissent déambuler sur l'ancienne voie ferrée. Celle-ci permettait d'acheminer le minerai depuis les mines avec des wagonnets afin de le déverser dans la trémie.

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Le garde-corps de la trémie intègre des pupitres d'information.

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DETAIL. Le garde-corps de la trémie.

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DETAIL des épais murs d'enceinte de la trémie. Une petite portion de la voie ferrée retrouvée sur la tête du mur inférieur laisse supposer que le minerai était également acheminé ou évacué parfois par le bas.

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Cette vue panoramique permet d'embrasser toute la partie supérieure de la cité minière. Au premier plan, on aperçoit l'habitation ouvrière et dans son prolongement, la cantine. En contre-bas, on perçoit la boulangerie et les sanitaires. La colonie était en effet un petit village qui rassemblait les professions et commodités nécessaires à son autonomie.

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L'habitation ouvrière et la cantine ont concentré une bonne partie du budget ; ces édifices donnent à voir l'ampleur de la cité et laissent imaginer la vie des ouvriers. A droite, on aperçoit la tour du transformateur : la cité était électrifiée grâce à une turbine située au pied du versant de la montagne.

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DETAIL. Les têtes de mur des vestiges ont fait l'objet d'une reprise de leur arase au mortier de chaux teinté tout en conservant leur aspect ruiniforme. Certains murs ont fait l'objet d'un renfort en béton armé laissé apparent et valorisé par un bouchardage.

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DETAIL. Certains vestiges ont été renforcés par des tirants en acier brut.

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La cantine.

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A l'intérieur de la cantine. La cristalisation de ce vestige a été l'intervention la plus lourde en travaux de renforts car la bâtisse a subit un dynamitage au cours du 20e siècle. L'utilisation du béton armé a été d'un grand recours compte tenu de la faible épaisseur des murs.

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DETAIL des renforts en béton armé bouchardé de la cantine. Les bouchardages ont été réalisés manuellement par les compagnons maçons.

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A l'intérieur de l'habitation ouvrière.

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Des bornes d'information en acier corten conçues par nos soins ont été installées aux trois entrées du site.

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Une maquette en acier reconstituant la cité originelle a été réalisée par un ferronnier local à partir de notre modélisation 3D. Située à bonne distance des vestiges, cette maquette donne en comparaison un aperçu de la cité telle qu'elle était avant son abandon à la fin du 20e siècle. Photographies © J. ALBAREL

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Valorisation d'un monument historique à Valmanya (66)

NOTICE
Le Syndicat Mixte Canigó Grand Site (SMCGS) a été créé par le Conseil Général des Pyrénées-Orientales en 2002. Il réunit le Conseil Général, 64 communes du massif et l'Office National des Forêts. Gestionnaire du label "Grand Site de France" depuis 2013, le SMCGS est attaché à une série de valeurs fondamentales qui constituent les principes de protection et de gestion partagés par tous les membres du RGSF (Réseau des Grands Sites de France).
La valorisation de la Pinosa constituait un enjeu important dans le cadre de la stratégie « Canigó 2020 » qui vise à faire du massif une destination « nature et patrimoine » au service de l'économie et du dynamisme des communes. Pour ce projet, le SMCGS a prôné une approche globale de la protection du site intégrant la biodiversité, le paysage, le patrimoine et les pratiques sociales et économiques qui façonnent le Grand Site. La préservation de la Pinosa ne devait pas conduire à sa muséification. Au contraire, l'objectif était de concilier la protection de ce patrimoine avec le maintien de son caractère vivant et accueillant.

L'équipe devait apporter une réponse globale aux enjeux énoncés par le maître d'ouvrage : 
- Concevoir et prescrire des travaux préservant l'intérêt culturel et paysager du site.
- Eviter l'écueil d'une valorisation littérale à l'image de certains éco-musées.
- Concrétiser les orientations du cahier des charges (interventions discrètes, entretien du site en s'appuyant sur le pastoralisme, restauration des perspectives paysagères, etc.).

Pour y parvenir, le site a été considéré dans son ensemble : le traitement paysager du lieu, les supports d'information, la préservation des vestiges et la sécurité du public ont constitué un seul et même projet scénographique qui repose sur trois champs de valorisation :
- Susciter la curiosité et donner accès aux informations essentielles à la compréhension historique et fonctionnelle du site.
- Préserver le caractère dépouillé de la cité à l'état de ruine, en pleine nature, en réalisant des aménagements sobres.
- Révéler les ouvrages et paysages remarquables constituant l'identité même du site.

OBJECTIFS DES TRAVAUX
- CONSIDÉRER LES DYNAMIQUES PAYSAGÈRES : le site s'organise comme une clairière au cœur d'un massif forestier ; il s'agissait de préserver et anticiper son évolution tout en préservant l'équilibre naturel et écologique en place. Face au risque de fermeture du milieu par la végétation, il était impératif d'entretenir cette clairière. Elle offre désormais des points de vue larges sur la cité et le grand paysage selon une logique de co-visibilité.
- INFORMER LE PUBLIC : le parcours de visite est matérialisé par des sentiers restaurés et ponctués d'outils d'interprétation permettant de comprendre le fonctionnement et la valeur patrimoniale du site. Grâce au travail remarquable de muraillers locaux, la déambulation sur l'ensemble du site est désormais possible après la restauration des nombreux murs de soutènement en pierres sèches qui structurent les chemins.
- PRESERVER LES VESTIGES : la valeur patrimoniale du site est justifiée par sa protection au titre des Monuments Historiques. La cristalisation a consisté à stabiliser les vestiges dans leur état actuel, ruiniforme, afin de conserver l'esprit des lieux tout en garantissant la lisibilité du caractère urbain de la colonie. Ces travaux ont été entrepris en coopération avec une écologue afin de protéger plusieurs espèces de chauve-souris.
- ASSURER LA SÉCURITÉ DES VISITEURS : les nombreux risques (trous, talus abrupts, chutes de pierres, etc.) ne pouvaient être tous sécurisés qu’au prix de travaux incompatibles avec le respect du site et du budget ; c'est davantage par le biais d'une mise à distance des visiteurs vis-à-vis du risque que la sécurité est assurée. En complément, une signalétique intégrée aux garde-corps responsabilise les visiteurs.

CARACTERISTIQUES PRINCIPALES
- Maître d’ouvrage : Syndicat Mixte Canigó Grand Site (SMCGS).
- Architecte : Office d'Architecture Virgile Guenot.
- Paysagistes : Coloco / Ici et là paysage.
- Design outils d'interprétation : MOAQAI, Aurélie QUILGARS.
- Ingénieur structure : BET MONTOYA.
- Mission : maîtrise d'oeuvre complète.
- Coût des travaux : 705 500 euros HT.

Site et chantier